Christelle Pascal, une traqueuse à l’écoute de la nature et d’elle-même…
Elle a 29 ans, elle court sur les crêtes réunionnaises comme dans les sentiers de métropole, et elle incarne la force tranquille du trail. Rencontre avec Christelle Pascal, une passionnée de nature, de dépassement de soi et de liberté.
Christelle, peux-tu nous parler de ton parcours ? Je suis née d’un métissage entre Maurice, la Guyane et la Normandie. Cette richesse identitaire m’a toujours accompagnée. J’ai quitté La Réunion à 18 ans pour Montpellier, où j’ai fait mes études pendant huit ans, puis je suis partie vivre dans un petit village de l’Aude, à Quillan, au pied des Pyrénées. C’est là, au contact direct de la montagne, que j’ai découvert le trail. J’ai d’abord couru sur route, puis, un jour, j’ai suivi un sentier… et je ne suis jamais redescendue. J’ai rejoint un club local, La Foulée des 3 Quilles, qui m’a transmis les valeurs du trail : la solidarité, la rigueur, le plaisir du collectif.
Tu as toujours été sportive ? Oui, c’est une histoire de famille. J’ai grandi entre volley- ball, natation, randonnées, badminton. Le sport m’a toujours offert un équilibre de vie. Même en métropole, j’ai gardé cette habitude. Bouger fait partie de moi.
Te souviens-tu de ta première course nature ? Bien sûr ! Le Trail de la Croix de Fer, un 16 km nocturne. J’ai terminé 8e féminine. Mais ce qui m’a vraiment marquée, c’est la bienveillance des coureurs, cette atmosphère solidaire. J’ai compris que j’étais entrée dans une grande famille.
Qu’est-ce qui te passionne dans le trail ? La liberté. Le trail, c’est mon langage. J’y trouve un lien profond avec moi-même et la nature. J’aime aussi la compétition : j’ai eu la joie de monter sur quelques podiums, comme celui du Trail des Cascades ou du Trail des Résistants. Ce sont des victoires intimes, fruits d’un travail invisible.
Et courir à la Réunion, c’est comment ? C’est exigeant ! L’humidité, la chaleur, les sentiers escarpés, parfois modifiés après un cyclone comme Garance… Chaque sortie est un défi. Mais quelle beauté sauvage ! Un souvenir fort reste mon podium au Trail des Cordistes, mon tout premier depuis mon retour sur l’île. Ce fut un moment d’émotion pure.
Le mental est-il aussi important que le physique ? Absolument. En course, je me rappelle toujours que j’ai choisi d’être là. Je me projette à l’arrivée, je pense à mes proches. Mon mantra, c’est « Ti lamp ti lamp » : avec patience et discipline, tout devient possible.
Comment organises-tu ta vie autour du trail ? Je fais du batch cooking le dimanche pour libérer du temps en semaine. Je m’entraîne tôt le matin ou en fin de journée, selon mon emploi du temps. Mon compagnon partage cette passion, c’est un vrai soutien. Mon programme ? Du fractionné, du dénivelé, une sortie longue et du renforcement musculaire. Et toujours : hydr tation, sommeil, alimentation équilibrée.
« Oser, c’est se donner une chance. Chaque petit pas, même modeste, est une victoire qui nous rapproche un peu plus de nos rêves. »
As-tu une routine bien-être après les courses ? Oui : je prends le temps de savourer l’instant, assise, silencieuse. Et ensuite, une bonne bière fraîche (rire) ! Ce petit rituel me fait du bien. Puis vient un repas complet pour recharger le corps.
Et la transmission, tu y penses ? Oui, j’aimerais. Je le fais déjà un peu, avec ma soeur jumelle. Et j’ai été bénévole plusieurs fois en métropole. Ce que je veux transmettre, ce sont les valeurs du trail : humilité, persévérance, respect, partage. Ce sport m’a appris à être résiliente. Il m’a ancrée.
Un rêve de trail ? La Mascareignes, que je n’ai pas pu courir cette année. Et un jour peut-être, la Diagonale des Fous ou le Marathon des Sables. Des courses mythiques, des défis personnels.
Qu’est-ce qui te passionne dans le trail ? Christelle Pascal court avec le coeur, la tête et l’instinct. Elle incarne une nouvelle génération de sportives, engagées, passionnées et profondément connectées à la nature. Une traileuse inspirante qui avance, « ti lamp ti lamp », vers ses sommets intérieurs.
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